Festival de Cannes 2022 : Diam’s révèle sa vérité dans un documentaire.
Scarifications, tentatives de suicide, internement, conversion à l’islam, fondation pour les orphelins, Diam’s, ex-rappeuse star, sort de 12 ans de silence médiatique pour livrer sa vérité dans un documentaire présenté à Cannes, qu’elle a co-réalisé.
Celle qui était une figure centrale du hip-hop en France dans les années 2000
n’est pas sur la Croisette.
« Quand vous verrez ce film et la vie que Mélanie (son vrai prénom) a décidé de mener, vous comprendrez qu’elle ne pouvait physiquement pas la mener à Cannes, elle est cohérente », a déclaré Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes. Cannes, en introduction de la séance du jeudi soir.
Aujourd’hui âgée de 41 ans, Diam’s a cependant envoyé un court message vidéo,
diffusé avant son film, certifiant que son absence « n’est pas du mépris ou du dédain »,
mais s’inscrit dans un souci de « préserver ce petit cocon de vie simple »
qu’elle a aujourd’hui loin du show-biz.
» Nous vous aimons ! », a lancé une jeune spectatrice du public, pas ou à peine née lorsque Diam’s monopolisait les palmarès en France.
Le documentaire « Salam » (« Paix » en arabe), hormis une incursion de Diam’s aujourd’hui dans un Zénith vide de Paris, ne parle pas de musique.
La quadragénaire se présente voilée et couverte de la tête aux pieds, visage visible.
Le film est scindé en deux parties : le malaise du temps du show-biz et l’après-coup.
Pleurer dans les coulisses
Diam’s et ses proches racontent d’abord la souffrance.
On y apprend une première tentative de suicide à 14 ans, prolongement d’une peur irrationnelle de la mort de sa mère, qui est toujours en bonne santé et qui s’exprime dans le documentaire.
Le rap et le succès n’arrangent pas les choses. « A force de courir dans tous les sens, ma vie n’en avait plus », assène-t-elle.
Vitaa, artiste qui a fait ses premières parties, décrit les larmes de Diam’s dans les coulisses après des concerts triomphaux.
Son ancien manager relate les scarifications sur les bras et le visage.
Un internement psychiatrique est nécessaire. « Ils m’ont mis dehors avec la drogue », raconte Diam’s.
À sa libération, nous comprenons qu’il y aura une autre tentative de mettre fin à ses jours.
Généralement, les artistes ne sont plus là pour nous dire pourquoi ils sont tombés dans l’addiction, comme Amy Winehouse.
Le tournant de la conversion à l’islam se produit lorsque, lors d’une soirée entre filles,
une des invitées s’isole pour prier et que Diam’s, qui a pourtant grandi dans le catholicisme, la suit.
L’ex-rappeuse, mère de trois enfants, affirme s’être ensuite convertie seule à Maurice où elle était partie en voyage avec Vitaa.
En guise de réponse à ceux qui disaient qu’elle était endoctrinée alors que les photos d’elle, voilée, dans Paris Match, avaient fait grand bruit il y a dix ans.
Biais de mise en scène
Les biais de mise en scène sont assumés.
On ne voit que les proches qui témoignent dans la première partie, qui est assez sombre, que les visages, comme s’ils étaient eux-mêmes voilés.
« On voit la vérité des visages, on se resserre sur les silences, les sourires, les larmes, ce qui est peut-être aussi une façon de faire oublier son voile et le (long) vêtement qu’elle porte quand elle apparaît », estime auprès de l’AFP Anne Cissé, l’une des co-réalisatrices (avec Diam’s et Houda Benyamina).
La deuxième partie du film correspond à la reconversion de Diam’s et à sa fondation dédiée aux orphelins du Mali (même si, comme elle l’a confié au Parisien ce vendredi, elle vit aux Émirats arabes unis).
Diam’s en a profité pour éclaircir d’éventuelles accusations de prosélytisme.
L’ancienne chanteuse souligne que sa reconversion a résonné avec un choix de « vie »
plutôt que d’y mettre fin, comme d’autres artistes à bout de souffle,
avec un pistolet ou une seringue.
« Généralement, les artistes ne sont plus là pour nous dire pourquoi ils sont tombés dans l’addiction, comme Amy Winehouse, pourquoi ils se sont tiré une balle dans la tête, comme Kurt Cobain », glisse-t-elle dans Le Parisien.