Une enquête pour « pratiques commerciales trompeuses » et « escroquerie en bande organisée » ouverte à Grasse.
La justice continue de se pencher sur la guerre entre le rappeur Booba et l’influenceuse Magali Berdah.
Le parquet de Grasse (Alpes-Maritimes) a ouvert une enquête après la plainte déposée
par Elie Yaffa, le vrai nom du rappeur, pour « pratiques commerciales trompeuses »
et « escroquerie en bande organisée », a appris France info auprès du parquet mercredi 7 septembre.
Cette plainte, déposée contre X le 28 juillet, vise en réalité la société de la « grande prêtresse »
de la télé-réalité, Shauna Events, domiciliée à Antibes.
Le commissariat de la ville était chargé de l’enquête.
« Nous sommes ravis de voir que les éléments dénoncés donneront lieu à une enquête » réagit l’un des avocats de Booba, Ivan Terel.
Une autre plainte du rappeur, visant l’ex-candidat de télé-réalité Marc Blata, a été transmise au parquet de Pontoise, territorialement compétent, précise le parquet de Grasse.
Booba accuse également l’influenceur de « pratiques commerciales trompeuses »
et « d’escroquerie en bande organisée » pour ses activités de trading
et de crypto-monnaie (NFT – jetons non fongibles )
Fin juin, l’autoproclamé « duc de Boulogne », basé à Miami (Floride),
a initié un mouvement sur Twitter « pour dénoncer les abus commis par des influenceurs faisant la promotion d’arnaques en ligne » , rappelle le texte de la plainte, que le le magazine «Complément d’Enquête» a pu consulter.
Avec le hashtag #Influvoleurs et l’ouverture d’une boîte aux lettres du même nom,
le rappeur a recueilli des dizaines de témoignages de consommateurs qui se sentent lésés.
Dans ces messages, dont a pris connaissance «Complément d’Enquête»,
ces acheteurs affirment, factures à l’appui, avoir commandé des articles
avec codes promotionnels auprès d’influenceurs travaillant pour Shauna Events
et n’avoir jamais reçu de colis ni vu leur argent, malgré plusieurs suivis, et mails.
Si toutefois le produit leur a été livré, il s’agissait d’une contrefaçon fabriquée en Asie,
disponible sur le site Ali express à un prix nettement inférieur
à celui proposé par l’influenceur, assurent ces acheteurs.
Témoignage
« Je ne reverrai jamais ma commande ni mon argent. Je suis seule avec deux enfants et le montant peut sembler ridicule mais je suis vraiment dégoûté que mon argent ait été volé !”, témoigne par exemple une acheteuse qui avait commandé un fond de teint à 23,99 euros via une influenceuse.
Si les sommes sont généralement inférieures à 100 euros,
certaines atteignent de jolies sommes, comme ces Playstation 5 vendues 700 euros
et jamais arrivées à destination.
Selon la plainte de Booba, « il semble y avoir un système d’arnaque complexe et organisé, centralisé par la société Shauna Events », « système alimenté par la passivité des réseaux sociaux et notamment Instagram et Snapshat utilisés par les influenceurs pour promouvoir les arnaques » .
Pour la plaignante, « l’élément intentionnel des infractions ne fait aucun doute » dans la mesure où les influenceurs « n’expliquent pas leur parrainage et n’assurent pas la véracité des offres promotionnelles qu’ils véhiculent » .
La notion de « bande organisée », circonstance aggravante du délit d’escroquerie, est justifiée, toujours selon la plainte, par le » lien hiérarchique entre la personne morale, Shauna Events, et les influenceurs agissant pour son compte ».
A sa décharge, la direction de Shauna Events, qui compte 60 salariés,
jure à Libération « désormais mettre fin à toutes collaborations avec des influenceurs cédant à des tromperies identifiées » et met en avant la nécessité de réglementer ce nouveau métier.
Interrogé par France info sur l’ouverture d’une enquête, l’avocat de Magali Berdah,
Antonin Gravelin-Rodriguez, n’a « pas fait de commentaire à faire à ce stade ».
Si Magali Berdah et son entreprise doivent réagir dans ce contexte,
ils le feront en toute transparence souligne ses conseils.
Cela supprimera tout soupçon et calomnie à l’encontre de ces deux personnes,
physiques et juridiques.
Depuis plusieurs mois, Magali Berdah accuse Booba de harcèlement
et a obtenu l’ouverture d’une enquête.
Celle-ci est ouverte au Pôle national de lutte contre la haine en ligne du parquet de Paris
depuis le 1er juin, notamment pour « menace de mort,
harcèlement par voie de communication électronique, injure publique à raison de l’origine et du sexe ».
Dans un communiqué, mi-juillet, l’influenceuse accusait le rappeur de la cibler sur les réseaux sociaux depuis plusieurs mois « par des publications mensongères et humiliantes » .
« Depuis, je subis un harcèlement de masse en ligne » avec des milliers de messages quotidiens, a-t-elle confié. « Ce n’est plus une vie, je n’ai pas dormi depuis trois nuits. Je pleure juste, je veux que ça s’arrête » a-t- elle également déclaré au Parisien.