Avec un tel passé, il n’est pas étonnant que cette terre ait donné naissance à des histoires et des légendes qui expliquent sa beauté presque douloureuse.
Légendes : Il y a quelque chose dans le Luberon…
Cette région de soleil et de sourires diffuse son essence par tous les sens : la beauté de ses villages perchés (dont plusieurs sont classés parmi les plus beaux villages de France), le parfum de la lavande et le goût des fruits et olives, le bruissement des feuilles et le chant des cigales.
Elle attire les artistes depuis de nombreuses années, son paysage, son charme et son histoire une source d’inspiration pour les écrivains et les peintres.
Avec un tel passé, il n’est pas étonnant que cette terre ait donné naissance à des histoires et des légendes qui expliquent sa beauté presque douloureuse.
La terre rouge du Roussillon
L’un des villages les plus populaires du Luberon est Roussillon, avec ses collines d’ocre et ses maisons rouges brûlées.
Impossible de manquer les collines : elles sont au centre du village, leurs bords de falaises vous font face comme des explosions de soleil.
Mais comment les collines sont-elles devenues de la rouille profonde ?
Était-ce vraiment l’ocre, ou y a-t-il une autre histoire derrière ?
Eh bien, les deux. Oui, la cause naturelle de la couleur est bien l’ocre, le plus ancien pigment naturel connu au monde.
Mais nous pouvons creuser un peu plus profondément et trouver une autre histoire d’origine.
Parmi les histoires et légendes médiévales les plus dramatiques,
il y a celle de Dame Sermonde et de son terrifiant mari Raymond d’Avignon.
La belle dame étant souvent laissée seule pendant des jours par son mari absent,
parti à la chasse, il n’est donc pas surprenant qu’elle se lie d’amitié avec Guillaume,
un jeune (et disponible) troubadour.
Finalement, les deux sont tombés amoureux et les choses se sont passées.
Bien sûr quelqu’un l’a dit au mari et, furieux, il a invité Guillaume à aller chasser avec lui.
Il l’a rapidement poignardé dans le dos et décapité le troubadour sans méfiance.
De retour au château, il demanda à sa cuisinière de préparer un repas pour sa femme
(vous savez ce qui s’en vient, n’est-ce pas ?) et une fois qu’elle eut terminé son délicieux dîner,
il révéla que son ragoût avait été préparé avec le cœur de son amant.
Dame Sermonde, horrifiée et le cœur brisé, courut dehors et se jeta du haut de la falaise,
son sang éclaboussant de rouge partout sur les collines, pour ne jamais être effacé.
Le conte de Dame Sermonde est la légende la plus populaire du Roussillon,
mais il en existe d’autres, bien qu’aucune aussi populaire.
Comme l’histoire des Titans, qui voulaient envahir la Provence mais en ont été empêchés par les habitants.
Ils se cachèrent donc dans une grotte et construisirent un canon géant,
qui vomit sa colère et ses flammes, sur toute la colline du Roussillon.
Et la colline est restée rouge…
Le siège de Ménerbes
Non loin de Roussillon se trouve un autre village perché très apprécié, Ménerbes.
Cette petite forteresse perchée a toujours été la favorite des artistes
mais elle a acquis une renommée internationale particulière
lorsque Peter Mayle a écrit Une année en Provence, qui préfigurait l’arrivée
de milliers de touristes majoritairement britanniques.
Ménerbes est un village ancien, ses terres habitées dès le paléolithique et son nom rappelant Minerve, déesse romaine des arts et éventuellement, de la guerre.
Le village se trouve sur la Via Domitia, qui reliait Rome au sud de l’Espagne
et vous pouvez toujours voir les panneaux Via Domitia le long de la route principale du Luberon.
Quant à Minerve et sa protection des arts, Ménerbes peut aujourd’hui se targuer
de cette même tradition, refuge d’artistes du monde entier, Peter Mayle, peut-être,
mais aussi Picasso (et Dora Maar , une artiste et photographe devenue son amante) .
Ménerbes est connu pour un siège de 15 mois pendant les guerres de religion : les huguenots ont capturé la ville et résisté à l’assaut catholique, malgré une infériorité numérique de 10 contre 1.
Finalement, ils ont capitulé avec honneur et le village est revenu à la domination catholique
dans le cadre de les terres papales, pour être annexées (comme toutes les terres papales) pendant la Révolution française.
Malgré l’aspect placide du village, une sombre légende hante ses environs, si l’on en croit un entretien avec l’ historien du village de Ménerbes.
C’est l’histoire d’une grotte qui remonte à la guerre de 100 ans.
Un violent bandit de grand chemin, Pierre de la Vache, et ses acolytes criminels, échappant à la justice, se réfugient dans une grotte.
Le frère de Pierre, un type plus honnête, l’a dénoncé aux autorités, mais lorsque les législateurs sont arrivés pour l’arrêter, Pierre s’est rendu compte de la trahison de son frère.
Le saisissant par le bras, Pierre le jeta par-dessus la falaise et sauta après lui.
Tous deux moururent côte à côte, le reste de la bande fut arrêté, et la tranquillité revint à Ménerbes.
Sauf que… la nuit venue, les fantômes des deux hommes sont souvent aperçus dans le village.
Pire encore, on pense qu’ils planent près de la grotte et poussent les randonneurs sans méfiance vers la mort.
Aujourd’hui, les tours de guet du village ne protègent plus des ennemis mais des hordes de touristes qui l’envahissent à chaque saison.
La citadelle est finalement achetée par Picasso et devient l’emblème du village.
Le château hanté de Lourmarin
À l’extrémité sud du Luberon se trouve un autre village très apprécié, Lourmarin,
qui apparaît presque comme par magie au dernier virage de la route de montagne
qui le relie au Grand Luberon au nord.
La première chose que vous voyez est un château Renaissance,
construit sur les fondations d’une forteresse du XIIe siècle.
Mais tout n’a pas toujours été paisible ici.
En 1545, à la veille des guerres de religion, la ville est incendiée
en raison de sa population majoritairement protestante.
Le château est tombé en ruine, les propriétaires successifs se souciant davantage
de tirer profit du terrain que de reconstruire le château.
Les voyageurs roms ont finalement squatté la propriété, l’utilisant comme une station de chemin vers le sud vers les rassemblements annuels de mai des roms en Camargue.
D’étranges rayures sont apparues sur les murs, peut-être en langue arménienne, ainsi que des dessins d’un voilier avec des personnes à bord, le tout entouré d’une croix, d’une croix gammée, d’étoiles à cinq branches et du mot « Arménie ».
Il semble qu’une famille de ce nom ait bel et bien existé… à Marseille, installée depuis des siècles.
Peut-être ont-ils un jour traversé Lourmarin, s’y sont-ils arrêtés, et y ont-ils laissé quelques graffitis ?
A côté du dessin, au-dessus d’une porte, on trouve ceci : « Boire et puis partir, 1513 ».
Cela aurait pu être une directive pour les Roms, prenez un verre à la fontaine du château mais ne traînez pas !
Puis en 1920, un riche industriel lyonnais rachète le bâtiment et expulse les voyageurs.
Furieux d’avoir à partir, ils ont jeté une malédiction sur lui, et sur toute personne liée au château.
De nombreuses personnes impliquées dans la restauration du château connaîtront désormais une fin prématurée, que ce soit par suicide ou accident de la route.
Le plus notoire est le sort réservé à l’écrivain Albert Camus.
Il venait de céder une partie de ses droits d’auteur à la fondation en charge du château quand, dès le lendemain, il est tué dans un accident de la route.
Au total, 13 personnes liées de près ou de loin au château décéderont entre 1925 et 1960.
Il est difficile d’imaginer un lieu aussi charmant avec des résultats aussi tragiques. . .
Fontaine de Vaucluse et le secret de la source
Fontaine de Vaucluse est une petite ville au bout d’une route qui ne mène nulle part, s’avançant dans une gorge le long de laquelle se précipite une rivière dont les origines sont inconnues.
Elle jaillit simplement de la montagne, presque par magie, prêt à naître.
La Sorgue, rivière émeraude, jaillit de la montagne avec une force presque inégalée en Europe.
Les scientifiques, qui n’ont jusqu’à présent pas été en mesure de déterminer la source de la rivière, pensent qu’il s’agit de l’aboutissement d’un réseau massif de rivières souterraines dont la pression les pousse hors du sol.
Bien sûr, ce mystère se prête à plusieurs légendes…
L’une d’elles est celle d’un violoneux de village appelé Basile qui, par une chaude journée, s’endormit à l’ombre sur la route de Fontaine de Vaucluse.
Une belle nymphe apparut, belle comme le ciel, qui lui prit la main et le conduisit à l’eau.
La rivière s’ouvrit et ils descendirent, un mur d’eau cristallin tombant de chaque côté.
Après un long voyage souterrain, ils ont émergé dans un champ couvert de fleurs célestes.
La nymphe et le violoneux s’arrêtèrent devant sept énormes diamants.
Elle en souleva un et fit jaillir une fontaine d’eau.
« C’est mon secret, » dit-elle, « la source dont je suis la gardienne. Pour le faire monter, j’enlève un diamant à la fois. Quand j’arrive au septième, l’eau atteint le figuier, une fois par an . »
Et elle disparut, réveillant Basile en sursaut.
Nul ne sait ce qu’il est advenu de la nymphe mais il reste la Sorgue, fleuve fantastique et magique jaillissant de terre, on ne sait d’où.
Dans une autre histoire plus macabre, perdue dans les plis du temps, une créature terrifiante, une Coulobre (sorte de mi-salamandre mi-serpent ailé), vivait autrefois à la source de la rivière, à la recherche d’un compagnon.
Un jour, elle trouva un dragon et ils s’accouplèrent, donnant naissance à une salamandre noire à taches dorées.
Mais le dragon s’enfuit, abandonnant la Coulobre à son sort (une coutume encore courante aujourd’hui).
La Coulobre, désespérée de trouver un autre compagnon pour l’aider à élever sa progéniture, se cacha au printemps, sa haine déformant ses traits déjà peu attrayants.
Elle n’a émergé que la nuit, terrifiant les villageois.
Un jour, un ermite (ou un évêque, selon l’histoire) nommé Véran vint à la rescousse.
Il a attendu des jours et finalement, lorsque la créature est apparue, il l’a combattue avec son épée et a fait le signe de la croix.
Ce geste blessa la Coulobre, qui s’envola dans le ciel et s’écrasa sur une montagne, près d’un village qui porte encore aujourd’hui son nom, Saint-Véran.
Aussi morte que soit la créature, à la tombée de la nuit, on dit que des jeunes hommes disparaissent parfois dans les eaux de la Sorgue...
Oubliée pendant des années, la légende refait surface vers le XVe siècle.
Dans celle-ci, le poète humaniste italien, Pétrarque, aurait vécu dans ce village et serait tombé amoureux d’une femme mariée aristocratique, Laure.
Une nuit, alors qu’il se promenait le long du fleuve avec Laure, Pétrarque fut attaqué par la créature et ils se battirent.
Il tua la Coulobre qui, dans un dernier geste de dépit, souffla son haleine fétide sur Laure, qui mourut bientôt de la peste.
Plus de légendes françaises : L’histoire de la lavande
Que serait la Provence sans la lavande ? Cela ne vaut pas la peine d’y penser…
Partout où vous irez dans le Luberon, vous rencontrerez un champ de lavande, et, sans surprise, il peut y avoir une fée impliquée.
Elle s’appelait Lavandula et vivait quelque part en Provence, voletant d’un endroit à l’autre.
Finalement, elle a décidé qu’il était temps de s’installer.
Elle a feuilleté son carnet de croquis à la recherche de l’endroit parfait mais, attristée par les scènes arides représentées sur ses pages, elle s’est mise à pleurer de grosses larmes violettes en barbouillant ses dessins.
Elle a essayé de réparer les dégâts en essuyant les larmes avec ses mains mais cela n’a fait qu’empirer les choses, les larmes se sont répandues encore plus loin dans le paysage provençal.
Pour nous distraire des taches de violette, elle a dessiné un grand ciel bleu et depuis, la lavande pousse à profusion à travers la Provence, mêlée au ciel bleu, comme des amants dans une douce étreinte.
La naissance de la cigale
Comme la lavande et l’olivier, les cigales font partie du tissu provençal… Mais comment sont-elles nées ?
Tout a commencé au plus fort de l’été, lorsque les anges sont venus passer leurs vacances en Provence.
Quand ils sont arrivés, ils n’ont trouvé personne, les champs aussi étaient vides et secs et le terrain montagneux aride …
Bouleversés par cette situation, les anges se dirigèrent vers l’église, où ils trouvèrent le prêtre endormi, profitant de sa sieste de l’après-midi.
Ils l’ont secoué pour le réveiller et lui ont demandé pourquoi la terre avait été abandonnée.
« A cause de la chaleur, expliqua le curé, les Provençaux vont se reposer à l’ombre des oliviers et des figuiers.
« Alors, quand est-ce que tout le monde travaille ? demandèrent les anges.
« Dans la fraîcheur du matin, et tard le soir.
Les anges, mécontents de ces réponses, sont allés au ciel et l’ont dit à Dieu, qui a fait descendre de nouveaux insectes qui les empêcheraient de faire la sieste au milieu de la journée.
Depuis lors, les cigales sérénadent bruyamment les Provençaux au plus fort des journées d’été, condamnant leurs siestes et les tenant éveillés de leur son puissant.
Finalement, tout le monde s’est habitué au chant des cigales, les siestes ont repris et la Provence a même adopté la cigale comme symbole.
Ainsi, la Provence, terre de beauté, de brise et de parfums généreux, continue de nous attirer et de tisser sa magie.
Mais derrière cette apparence souriante se cache un côté plus sombre, un élément d’inconnu, qui pourrait vous faire frissonner un peu.
Pour en faire l’expérience, il vous suffira peut-être de venir ici en personne.