Micheline Presle souffle ses 100 bougies ce 22 août, sa fabuleuse filmographie.
Si l’on revient sur le long ruban du film qu’est cette carrière prestigieuse, on peut voir environ 121 films y défiler, un certain nombre de succès sur les planches, depuis le début de la télévision dans les années 1960.
Elle est lancée en 1939 par Georg Wilhelm Pabst, l’un des maîtres du silence, et continue de transmettre ce film dans « Jeunes filles en détresse » avec le nom de son personnage, Presle, qu’elle préfère au sien, Chassagne.
Mais si ses rôles qui marquent le plus les mémoires datent de la fin des années 1940, «Falbalas», de Jacques Becker, qui a donné au couturier Jean-Paul Gaultier sa vocation, et «Le Diable au corps» d’Autant-Lara, aux côtés de Gérard Philipe, qu’il a découvert au théâtre et qu’il a proposé pour le rôle.
Sa filmographie ? Un répertoire des plus grands
Rappelons que le très célèbre «Le diable au corps» fut présenté en avant-première mondiale à Bordeaux en 1947, au Fémina qui était autrefois un cinéma.
Gérard Philipe et Micheline Presle dans « Le Diable au corps », en 1947. Ils sont tous les deux nés en 1922.
Parler de sa filmographie, c’est réciter le directorial des plus grands réalisateurs, et pas seulement en français.
Si elle débute avec l’Autrichien Pabst, elle tourne avec Gance, Grémillon, L’Herbier, Allégret, Guitry, Lang, Losey…
Et si elle aligne tous les gratins sur ceux décriés par Truffaut sous le vocable «qualité française»
Duvivier, Delannoy, Autant-Lara, elle n’a pas non plus manqué le rendez-vous de la Nouvelle Vague, a collaboré plusieurs fois avec Jacques Demy, qui en a notamment fait la mère du prince de «Peau d’Âne» avec Chabrol, de Broca dans le délicieux « Roi de coeur » et surtout Rivette, qui l’incarna en 1966 dans « La Religieuse », avec Anna Karina.
Au début des années 1950, Micheline Presle explore un temps le monde d’Hollywood, mariée à un cinéaste américain, William Marshall, père de sa fille Tonie.
Elle tournera également, jusque dans les années 1970, de l’autre côté des Alpes, décrit notamment dans un film diffusé par Arte jusqu’à fin août et dans lequel elle donne la réplique à Marcello Mastroianni, « L’Assassin », d‘Elio Peter.
« La vie est un vélo »
Dans les années 1980, elle s’offre « Belle époque mais orageuse en fin de journée« , de Gérard Frot-Coutaz, de belles scènes chez elle avec Claude Piéplu, lui qui interprète « Qui a peur de Virginia Woolf » sur les planches.
Elle est très proche de sa fille Tonie, toujours actrice à cette époque, qui allait bientôt passer à la réalisation, offrant à sa mère un rôle dans tous les films.
Micheline Presle, qui a transcendé l’âge des récompenses pour devenir une légende,
a pourtant été nominée aux César en 1989 pour « Je veux rentrer chez moi »,
par son contemporain Alain Resnais.
Un César qu’elle ne gagnera pas, mais une statue qu’elle retrouvera,
sous la forme d’un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière en 2004.
Puis elle a avoué : « Ma meilleure histoire d’amour, c’est le cinéma. »
Habitué d’Angoulême
Cette actrice, qui sait donner leur chance à de jeunes réalisateurs à la chute de sa carrière,
notamment dans un court-métrage, est peut-être une légende,
mais toujours une cinéphile reconnue.
Ce week-end, dans « Le Parisien », elle a avoué que :
« je me sens toujours plus proche des réalisateurs, des scénaristes, des écrivains, que des acteurs ».
Chez ses vieux amis, Queneau ou Cocteau, à qui elle a emprunté ce qu’elle présente
aujourd’hui comme sa philosophie, une drôle de phrase en forme de pirouette,
« la vie est une bicyclette ».
"J'aime rencontrer des gens très différents."
Dans cette interview de 1961, Micheline Presle se livre sur son escapade à Hollywood et sur l'influence qu'à eu sa vie privée sur sa vie professionnelle
Via @Ina_audiovisuel pic.twitter.com/708BlOSMtW
— Th Barnaudt (@tbarnaud) August 21, 2022
Cette cinéphilie, et son amitié pour son agent Dominique Besnehard, l’ont amené à porter le Festival du film francophone d’Angoulême dans les fonts baptismaux.
Dès la première édition, elle fait partie du jury, où elle est nommée membre de la vie
de Dominique Besnehard, et au début du festival on la voit souvent dans les halles,
et dans les rues d’Angoulême où elle aime se promener.
Sainte Chérie et femme engagée
Ce lundi 22 août, on ne sait pas si Micheline Presle soufflera 100 bougies,
mais on peut imaginer qu’elle ne manquera pas, toujours avide de vie et de bonnes choses,
sa part de gâteau.
Beaucoup de ses admirateurs penseront à elle, car elle s’est taillé un large public
au-delà du cinéma.
De 1965 à 1970, elle qui n’hésite pas depuis le début des années 1960 à tourner pour le petit écran,
incarne l’un de ses plus grands succès, en tant qu’Ève Lagarde dans le feuilleton « Les Saintes Chéries ».
Pimpante, piquante et impertinente, elle séduit ainsi toute une génération,
douée pour la comédie légère et pour transmettre le message de la liberté des femmes.
Rien d’étonnant à ce que qu’elle n’ait pas hésité à signer le fameux manifeste,
dit plus tard « 343 salopes » et à passer le relais pour qu’il soit largement diffusé.
Aujourd’hui Micheline Presle s’est installée à la Maison Nationale des Artistes, à Nogent-sur-Marne.
Pour elle, qui a tourné avec Duvivier, on pourrait évoquer « La fin de la journée »,
un drame doux-amer sur de vieux comédiens qui se retrouvent dans une maison de retraite.
Mais avec ceux-ci à l’intérieur des murs, toute atmosphère crépusculaire doit être oubliée.
La centenaire vit au présent et choisit les roses de la vie.